Vers la construction d’un hôtel de ville… neuf !

Depuis 1886, il avait toujours été prévu, dans l’esprit des édiles sénonais, de transformer en hôtel de ville, la maison Lorne. Mais une commission spéciale crée en 1895, au sein du Conseil municipal, décida  du contraire.

C’est donc en septembre 1899 que le conseil municipal, redingote, haut de forme, costumes sombres, chaîne de montre, monocle, lavallière et cols amidonnés, décida de la démolition de la maison Lorne. Celle-ci deviendrait effective en février 1900. Auparavant, une commission spéciale avait été crée pour établir un cahier des charges pour préparer le concours qui désignerait l’architecte primé pour cette œuvre. Celui-ci prévoit que ce concours est ouvert à tous les architectes français et précisent que ce nouvel hôtel de ville « devra abriter les services de la mairie, comprenant non seulement les salles des fêtes, des mariages, du Conseil municipal, le bureau du maire (qui aura deux issues), ceux de ses adjoints, des secrétaires en chef et d’Etat civil, mais aussi la voierie, l’Assistance publique (Bureau de bienfaisance et Caisse de écoles). (1) D’autres services seront également logés dans le nouveau bâtiment : la police, le bureau central de l’octroi, la justice, la Recette municipale et les contributions. Sans oublier un  logement pour le secrétaire, celui du concierge, un corps de garde pour les troupes de passage et diverses pièces de réserve, cabinet ou atelier. Un hôtel de ville résolument moderne, entièrement éclairé au gaz et chauffé au moyen de calorifères et de cheminées. En nombre suffisant, il faut prévoir water-closets et urinoirs, ainsi que les canalisations et égouts nécessaires….

Trente-neuf projets,

Cinq retenus

Ils seront quarante-quatre à demander le programme du concours mis au point en juillet 1898. Trois primes sont prévues pour les trois meilleurs projets. A la finale, ils ne seront que trente-neuf  à concourir et à présenter leurs études au public et au jury, composé de onze membres (parmi lesquels le maire, Lucien Cornet, quatre architectes désignés par les concurrents, trois architectes nommés par le maire et trois conseillers municipaux élus au sein du conseil municipal) qui se réunira le 28 février 1899. Convoqué à 10h30 rue Rigault, dans la salle des mariages de la mairie, le jury, après avoir pris connaissance des rapports des vérificateurs sur les différents devis, se rend, comme un seul homme, bacantes et barbichette au vent, au Palais synodal où sont exposés les projets. Par votes successifs, les membres du jury vont attribuer, non pas trois, mais cinq primes. A 17h30, les opérations sont terminées, la séance levée et les personnalités extérieures reconduites au train.

La première prime, 3 500 francs, est attribuée aux architectes associés Joseph Dupont et jules Poivert. Viennent ensuite les projets de Messieurs Joanny-Bernard et Robert (2000 francs), Louis-Victor Bessin et Pierre-Marcel Verley (1000 francs), Lucien Prudon (600 francs) et Morin-Goustiaux (400 francs). Le 21 avril 1899, les jeux sont faits : sur les 24 votants qui composent le Conseil municipal, 14 sont favorables pour confier la construction de l’hôtel de ville à Joseph Dupont et Jules Poivert. En août, rien n’étant jamais au gout de tous, le conseil fait apporter quelques modifications au projet : installation au sous-sol d’une salle de fourrière, élargissement d’un mètre de la rue Drapès, tandis que la flèche éprouvera « quelques faibles modifications faites en vue de la réduction de la dépense, tout en gardant cependant une hauteur de 50 mètres jusqu’à la pointe de son clocheton et son aspect gracieux ». (2) Il faudra encore de longs mois de transactions financières et techniques pour qu’enfin, le 19 septembre 1900, le sous-préfet de Sens retourne à Lucien Corrnet toutes les pièces du projet, revêtues de l’approbation du préfet. « La dépense totale, écrivent Madame Saulnier-Pernuit et Pierre Pinon, de 903 844,68 francs, sera couverte par un emprunt de 750 000 francs autorisé par un arrêté du 18 septembre, par une somme de 105 791,76 francs mise en réserve pour la construction projetée et le complément de 48 052, 92 francs prélevé en deux ou trois exercices sur les ressources ordinaires. » On se doute déjà ce que l’on entend pudiquement par « ressources ordinaires… ». Rien ne change à travers les temps.

Reste que dans cette réalisation future, une question se pose du côté du clergé : Lucien Cornet et ses amis, dont on connait les idées plus que « radicales », ont-ils opté pour le projet de Dupont-Poivert à cause de l’importance de la toiture d’angle qui aurait pour objectif de concurrencer les tours de la cathédrale ? C’est du moins ce qui se chuchote.

Gérard DAGUIN

Documentation : Société Archéologique de Sens, Bernard Brousse. Cerep Sens. L’hôtel de ville a cent ans. 1. Lydwine Saulnier-Pernuit, Le concours pour la construction d’un nouvel hôtel de ville. 2. Le projet architectural, Lydwine Saulnier-Pernuit et Jacques Pinon.


 

Trente-neuf projets, cinq retenus: Ils seront quarante-quatre à demander le programme du concours mis au point en juillet 1898. Trois primes sont prévues pour les trois meilleurs projets.

Première prime

1e-prime-courriel.jpg

Première prime suppl

1ere-prime-suppl-courriel.jpg

Deuxième prime

2e-prime-courriel.jpg

Deuxième prime suppl

2e-prime-suppl-courriel.jpg

Troisième prime

3e-prime-courriel.jpg

 

Pour continuer cliquez sur la rubrique choisie 

  HAUT DE PAGE

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site

×