Monsieur Gérard Daguin nous a quiité ce 29 novembre 2018.
"Que son âme repose en paix"
Amiens
Ciel dégagé
Chroniques historiques
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Avec la participation de Bernard Brousse
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Thomas Becket quitte sens en 1170..
Rue Etienne Mimard (1862-1944), né à Sens
Photo en 1907
Le fondateur de la manufacture d’armes et cycles de St-Étienne
Synthèse par Bruno Benoit
Né à Sens le 18 janvier 1862, ce fils unique d’un artisan armurier aisé sort de l’école professionnelle locale, en 1876, avec un certificat d’études et un diplôme de dessinateur d’imitation et d’ornement. Il part se perfectionner à Liège, puis à St-Étienne où il arrive vers fin 1883. Il est engagé en mai 1884 dans une entreprise de fabrication et de négoce en armurerie créée en 1873, Martinier-Collin.
Un entrepreneur…
Face aux difficultés que cette dernière connaît en cette période de Grande dépression, il décide de s’associer dans une société en nom collectif, en novembre 1885, avec le stéphanois Pierre Blachon, lui aussi armurier, pour la racheter. Ils reprennent, en la développant l’idée d’un «tarif-album », catalogue présentant les produits de l’entreprise. Ils transforment aussi une petite brochure, Le Moniteur du tir et de la chasse, en une revue, à grand tirage, Le Chasseur français, destinée à un public bien ciblé. Ils donnent un nouveau nom à leur entreprise qui devient La Manufacture d’armes et cycles de St-Etienne. Dès le départ, la personnalité d’Etienne Mimard éclipse celle de Pierre Blachon. La cartoucherie étant une activité saisonnière, les armes de chasse (les marques Idéal, Falcor, Robust, Rapid), une activité lucrative mais limitée et concurrencée, il diversifie sa production en lançant la marque de bicyclette L’Hirondelle, avec un modèle, La Superbe, qui a, en ces débuts de la petite reine est un succès immédiat. Il fabrique aussi des machines à coudre sous la marque Omnia. Devant le succès de son « tarif-album », catalogue gratuit de plus de 30000 articles proposés en 1200 pages illustrées, Mimard, directeur général et président du conseil d’administration, transfère en 1894/95 les ateliers de la place Villeboeuf dans une usine ultra moderne et intégrée
construite, sur le cours Fauriel, selon les plans de l’architecte Lamaizière. Il ouvre également des boutiques dans les grandes villes de France. Mimard est un entrepreneur qui a compris l’importance de la communication. Ce pionnier de la vente par correspondance utilise toutes sortes de démarches pour atteindre une nouvelle clientèle et pour trouver de nouveaux abonnés.
… mais aussi un patron…
Son succès est dû à sa capacité à offrir des produits qui répondent à l’attente des consommateurs, qui sont de qualité et rapidement livrés. Après un voyage aux Etats Unis, il adopte une fabrication standardisée en modernisant son parc de machines, désormais équipé en Pratt et Withney. Cette usine modèle a pour but, selon sa formule, de mettre de l’ordre dans l’industrie avec « une place pour chaque chose et chaque chose à sa place ». En 1916, devant une demande qui continue de croître, il agrandit son usine en construisant en étage. Dans son usine, il n’y a pas de bureaux individuels, afin d’améliorer la communication intra-entreprise. Il adopte également la technique « zéro stock » ». La fabrication d’un produit n’est lancée qu’une fois la commande enregistrée. Après la mort de Pierre Blachon en 1914, il dirige seul l’entreprise jusqu’à sa mort en 1944. Dans les années 1930, Le Chasseur français tire à près de 500000 exemplaires, 80000 armes sortent des ateliers de la
Manufacture et 30000 machines à coudre. Le premier déficit est enregistré en 1936 et la première grève en 1937.
Ce patron novateur, autoritaire, à la façon d’un Marius Berliet, avait disposé son bureau de telle façon qu’il puisse surveiller tous ses ateliers. Ce besoin de contrôle allait jusqu’à modifier le clavier des machines à écrire des ses employées afin qu’elles
ne puissent pas trouver du travail en dehors ! Durant la Seconde Guerre mondiale, il refuse de travailler pour l’occupant, faitun cours passage en prison.
…bien oublié aujourd’hui à St-Étienne
A sa mort, le 16 juin 1944, il laisse une entreprise affaiblie et surtout pas en mesure de faire face aux transformations technologiques et consuméristes des Trente Glorieuses. Ce « capitaine d’industrie » du XIXe siècle, dirigeant son entreprise en
plein XXe siècle, n’a pas su organiser sa succession, tellement la Manufacture et lui ne font plus qu’un, pour preuve de cette union, la légende rapporte qu’il s’est fait enterrer debout face à son entreprise. Par son testament, ce patron, figure typique
des entrepreneurs du XIXe siècle attachés à la ville de leur réussite industrielle, laisse la moitié de ses actions à la ville de St-Étienne pour qu’elle œuvre dans le domaine de la formation professionnelle. Après sa mort, la Manufacture, devenue
Manufrance, connaît encore de belles années jusqu’à la crise des années 1970., crise dont elle ne relève pas malgré les efforts de quelques repreneurs. Reconnu en son temps, le président de la République Félix Faure visite son usine en 1898, il reçoit la Légion d’honneur en 1902, est vice-président de la Chambre de commerce et préside de nombreuses chambres syndicales, il est aujourd’hui bien oublié et ce, malgré une rue et un établissement scolaire qui portent son nom. Cet effacement d’Étienne Mimard du Panthéon stéphanois n’est-il pas dû à l’échec de Manufrance ? Cependant, St-Etienne serait bien ingrate de négliger ces chefs d’entreprises dix-neuviémistes, auxquels Etienne Mimard appartient, car, sans eux, elle ne serait pas devenue le pôle économique qu’elle est encore aujourd’hui.
Bibliographie : Yves Lequin (dir.), 500 années Lumière en Rhône-Alpes, Plon, 1990.
Source http://www.millenaire3.com/uploads/tx_ressm3/Bruno_Benoit_EMimard.pdf
Photos Manufacture Française d'Armes et Cycles
de Saint Etienne
source http://noms.rues.st.etienne.free.fr/rues/mimard.html
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021