Monsieur Gérard Daguin nous a quiité ce 29 novembre 2018.
"Que son âme repose en paix"
Amiens
Ciel dégagé
Chroniques historiques
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Avec la participation de Bernard Brousse
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Dans une cathédrale il y a mille choses à découvrir : objets, stèles, vitraux, statues, tant et tant de témoignages du passé. Un passé que l’on croit connaître.
Les grandes orgues
Depuis que le grand orgue de la cathédrale a été remplacé par un Téppaz clérical et que Mademoiselle Lelongbec a cédé sa place à un dévoué disc-jockey laïc, Jean-Sébastien Bach, près de l’Eternel, doit se prendre pour un orchestre symphonique à lui seul. Mais soyons justes : l’orgue de St-Etienne résonne encore tous les dimanches, accompagnant la chorale de la cathédrale, sous les voutes de l’édifice. Inauguré pour le jour de Pâques 1440 et installé dans le bas-côté nord, il était l’œuvre de Jehan Bourdon. En 1552 un fût d’orgue est commandé au sculpteur Jean Cousin. Il se trouve, aujourd’hui encore, incorporé à l’instrument actuel. L’orgue subira plusieurs modifications en 1560 puis en 1609. Une centaine d’années plus tard, on décide de le déménager et de l’installer dans le chœur. Dérangeait-il les méditations des chanoines ? Toujours est-il qu’on le reconstruit et qu’on l’installe sur une tribune au fond de la nef. Le nouvel orgue, œuvre de Jean-François Mangin sera inauguré pour Pâques 1734. Pendant la Révolution, le district fit l’achat de l’orgue de l’Abbaye de Vauluisant. D’où une légende tenace qui veut que l’orgue de la cathédrale soit celui-là. Pour la démentir, un inventaire du 18 Prairial An III nous apprend que la plupart de ses étains avaient déjà été vendus. Mais il faut rendre à César ce qui appartient à Jules : les soufflets de Vauluisant, en fonction à Sens, ne seront changés qu’en 1823. Muni de poumons neufs, il chantera pour… Pâques 1824 avant de subir d’autres modifications techniques en 1890. Restauré dans le style du XVIIIè il sera classé monument historique en 1973. (1)
Le grandes orgues
Restauré au fil du temps l’orgue est désormais prêt pour un long service. (Photo R.Mouilla)
Les cloches
« Maudit sois-tu carillonneur que Dieu créa pour mon malheur… » Si cette comptine enfantine peut s’appliquer à quelques carillons de France, elle ne peut l’être à celui de Sens. En 613, la cloche Marie, sonnée par saint-Loup mettait en fuite l’armée de Clotaire. Plus tard, elle épouvantait les Sarrasins. En 1453, la cloche Gautier annonçait la défaite des Anglais à Castillon. Le 22 avril 1560, le Chapitre passa marché avec maître Mongin Viard, pour la fonte de deux grosses cloches. La première, la Savinienne, fut bénite le 17 octobre 1560, et la seconde, la Potentienne, le 3 janvier 1561. (2) Pendant la révolution, la cathédrale perdit onze cloches que la commune fit transporter à Paris. Il ne lui resta que ses deux bourdons et les timbres de son horloge. Les deux bourdons pèsent respectivement, d’après la tradition, 14 et 12 T. On comprend mieux que « Sonneur de cloches » était à l’époque un métier de soif. * Les bourdons sont désormais accompagnés de la cloche de l’Angélus, fondue au XIVè siècle, de la cloche des Morts, fondue en 1819, et des trois timbres de l’horloge municipale, dans le campanile, la cloche Marie, fondue en 1376, la cloche François et la cloche Pierre, fondues en 1377.
Les cloches
Le beffroi joue un rôle d’amortisseur. Son amplitude peut aller jusqu’à 5 cm. (Photo V. Duseigne).
Reportage complet "la Savinienne et la Potentienne"
cliquez ci-dessous
http://tchorski.morkitu.org/7/sens.htm
* Dans la cathédrale de Rouen se trouvait une très lourde cloche nommée « La Rigaud » ou « La Rigaude », offerte à la ville par l'archevêque Eude Rigaud au XIIIe siècle. En raison de ses dix tonnes, elle était extrêmement difficile à mettre en branle. Les sonneurs, très vite assoiffés par l'effort à fournir en tirant les cordes buvaient « à tirer la Rigaud », transformé ensuite en tire-larigot.
Le monument des Salazar
Du côté nord de la nef se dresse un autel et son retable, consacrés en 1516, ainsi que le monument funéraire de Jean Salazar et de Marguerite de la Trémoille, son épouse, érigé à la demande de leur fils, l’archevêque Tristan de Salazar. On a dit de Jean de Salazar qu’il était « gentilhomme à la cape trouée, léger d’argent non moins que de scrupules ». Pourtant, il épouse le 31 octobre 1441 à Sully-sur-Loire Marguerite, dame de Saint-Fargeau, qui décède le 25 décembre 1457 à Saint-Just-en-Champagne, fille naturelle de Georges de la Trémoille. Dans ce monument, là encore, les corps des défunts n’ont jamais reposés. Ils sont inhumés à Macheret dans l’Aube. S’il reste la statue décapitée de l’époux en haut de l’édifice, celle de Marguerite a disparu. On raconte qu’à la Révolution elle servit à figurer La Patrie en deuil devant une des portes de la ville. Un détail curieux, à la base du retable, attire l’œil : « ce sont d’abord, avec trois moineaux, trois têtes d’épis : les deux syllabes Te no avec un tilde sur le O, cinq autres épis et les deux syllabes Te ha. Maucler a conservé le souvenir de ce que cela signifiait : épi ne te hâte pas, c'est-à-dire, ne mûris pas trop vite ». (3) Etait-ce une devise à l’adresse du fils Tristan ? Toujours est-il que ce prélat est mort à 88 ans, après un épiscopat tourmenté de 45 années, et avoir, à 78 ans, accompagné, en guerrier, Louis XII à la prise de Gênes. A 80 ans il avait assisté au concile gallican de Pise-Milan. L’épi n’a pas mûri trop vite.
Salazar
Seul le retable de pierre a résisté à la tourmente révolutionnaire. (Photo J.P. Elie)
Gérard DAGUIN
Documentation : Société Archéologique de Sens, Bernard Brousse. Cerep Sens. 1. Chanoine Pierre Lallemand, Le grand orgue de la cathédrale de Sens.2 Gustave Juillet, Les cloches de la cathédrale. 3. René Fourrey, Sens, ville d’art et d’histoire.
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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021