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Malheur aux vaincus !

En cette fin juin 1940, l’armée allemande s’installe à Sens comme dans tout le département et impose son administration militaire. En juillet, la Troisième République disparait faisant place au gouvernement de Vichy. Désormais, les français vont devoir se soumettre à deux entités, l’autorité occupante et l’autorité vichyste.

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A la Feldgendarmerie, l'ennemi fait bombance.

L’ordre doit régner. C’est donc avec une application diabolique que l’envahisseur va imposer son dictat. Et mettre les Français à sa botte pour exécuter les tâches les plus sombres : soigner les blessés, enterrer les morts, éteindre les foyers d’incendie, déblayer les gravats pour faciliter le passage de ses troupes, rétablir le fonctionnement des services de ravitaillement tout en les contrôlant, remettre en état les réseaux d’eau, de gaz et d’électricité ou s’occuper des réfugiés. En même temps, ordre est donné de désarmer la population et de contrôler ses déplacements. On passe à l’heure allemande en avançant les pendules d’une heure, la fermeture des cafés et des restaurants est imposée à 21h30 tandis qu’un couvre feu interdit la circulation entre 23h et 5h du matin. Un peu partout, les maires deviennent les otages de l’occupant, avertis qu’ils seront responsables du moindre acte d’hostilité commis contre les troupes allemandes.

Photo souvenir devant la cathédrale.

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L’installation de la Wehrmacht

C’est une administration militaire dirigée de Paris par Otto von Stüpnagel. Elle est relayée à l’échelle régionale par cinq districts militaires  qui chapeautent des bureaux de la place départementaux, les feldkommandanturs, l’équivalent allemand de nos préfectures. Les services centraux s’installent au cœur des villes, dans les hôtels, les établissements publics et les maisons bourgeoises. La Kommandantur y voisine avec la police militaire de la Wehrmacht, la Feldgendarmerie, et avec le foyer du soldat. Les casernes, les gares, les établissements scolaires sont réquisitionnés pour les soldats tandis que les officiers se réservent les hôtels particuliers. A Sens, la Kreiskommandantur s’installe dans la maison du docteur Lorne, près de l’Hôtel de Ville, non loin de l’hôtel de Paris où siège la Feldgendarmerie. La troupe cantonne à la caserne Gémeau, à la manutention et au grand séminaire. Pour le moral et le confort du soldat, le foyer est au cours Tarbé et les bains-douches, à la Caisse d’Epargne. La Wermarcht occupe le lycée de garçon, l’hôtel du Relais Fleuri, transformé en hôpital et les gares PLM et de l’Est. Dans chacune de leurs installations, les Allemands exigent l’application de la convention d’armistice qui leur accorde logement et nourriture.

Administration française et collaboration d’Etat

L’équipe préfectorale en fonction sous l’occupation illustre cette soumission constante aux autorités allemandes avec des attachements variés au régime de Vichy. Un rapport de la Kommandantur qualifie ainsi  les actes du sous préfet d’Avallon : « le comportement du sous-préfet vis-à-vis des autorités d’occupation est irréprochable ». Bien loin toute fois des prises de position de celui de Sens qui se présente ainsi aux maires de son arrondissement : « Je compte sur votre très amicale collaboration pour réaliser avec l’autorité de mon préfet la Révolution nationale à laquelle nous a convié le Maréchal ».  Préfets et sous préfets appliquent la politique de collaboration de l’Etat qui passe per une nouvelle voie hiérarchique. C’est désormais à un préfet de région qu’ils doivent rendre des comptes. Ce dernier, installé à Dijon, imposera, par exemple, des contingents de production à l’aide de son directeur régional du Ravitaillement, directement rattaché aux ordres du secrétaire d’Etat à l’Agriculture et au ravitaillement. La même chaîne de  commandement régional sera à l’œuvre dans la déportation des juifs, relevant une obéissance toute administrative aux ordres. A l’échelle départementale, l’administration préfectorale mobilise les deux services d’ordre, la gendarmerie et la police, au service de la collaboration d’Etat. En Août 40, le département compte une quarantaine de brigade de gendarmerie, regroupant au total près de 200 gendarmes. Les brigades urbaines ne dépasseront pas une quinzaine d’hommes pour quelques gendarmes en brigades rurales. De son côté, la police interviendra surtout dans les villes, surveillant les commerces et traquant le marché noir. Plus tard, la préfecture l’utilisera dans la recherche d’informations nécessaires à la lutte contre la Résistance, encourageant les dénonciations, favorisant la Déportation des juifs ou des résistants et pour la recherche des réfractaires refusant de partir travailler en Allemagne, apportant ainsi sa contribution aux services du S.T.O.

Comme dans tous les autres départements de la zone occupée, de solides structures d’occupation régissent désormais le département de l’Yonne. Comme dans toutes les villes et les campagnes, ces structures, allemandes alliées aux forces de gendarmerie et de police françaises, soumises au régime de Vichy, écrasent les habitants sous le poids des réquisitions et de la répression. Face à l’autorité occupante, l’autorité préfectorale du régime de Vichy ne constitue pas un rempart pour la population : au fil de la guerre, elle fait même preuve d’une soumission constante. Pourtant, Pétain, désormais chef du gouvernement, «vainqueur de Verdun», était apparu aux yeux de nombreux Français comme celui qui a fait cesser le désastre de la Débâcle et de l’Exode et permis le retour à l’ordre. Un ordre qui allait plonger la France dans les ténèbres. Heureusement, les hommes qui ont fait  l’Histoire allaient en décider autrement. 

Gérard DAGUIN

Départ en permission pourr le vainqueur

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Rue de la Loupetière, la maison du plaisir pour... l'occupant

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Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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