... qui fut, pendant de longues années
la demeure des administrateurs de l’Hôtel Dieu.
L'hôtel de l'Ecu tel qu'il existait jusqu'en 1965. Au fond, la rue de la République. Fond Pissot.
Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage, Christophe Colomb rentre en Espagne au début de l’année 1493, après avoir découvert le Nouveau monde. A 22 ans, Charles VIII, l'Affable, règne sur le royaume de France, un trône qu’il va quitter cinq ans plus tard, après avoir violemment heurté du front un linteau de pierre au château d’Amboise. Le Roi est mort, vive le Roi.
A Sens, on se prépare à reprendre la construction du transept de la cathédrale interrompue par la guerre de Cent Ans. Face à elle, depuis le XIIème siècle, l’Hôtel Dieu reçoit voyageurs et nécessiteux. Cette maison de «bonté» est dirigée par différents administrateurs qui, jusqu’en 1684, vont demeurer tout près de là, à l’ «Ostel de l’Escu». C’est l’année où, l’hôtel tombant en ruines, ils vont déménager pour élire domicile rue du Plat d’Etain. (1) Retapée en 1686, la demeure va être louée au Sieur Jean Lemur, marchand pâtissier et hôtelier. Les premières modifications vont apparaitre en 1700, lorsque l’Hôtel Dieu acquiert une maison sur le parvis de la cathédrale pour créer une entrée à l’Ostel de l’Escu. Quatre ans plus tard, on démolit l’arcade «attenant de la chapelle de l’Hôtel Dieu qui servait autrefois de passage pour aller de l’Ecu, où était la demeure de l’administrateur, à la salle des malades pour porter le dîner aux pauvres ». (1) En 1705, le tenancier décède. Sa veuve se remarie bientôt avec un certain François Michel, jusqu’alors domestique à l’Hôtel du Dauphin à Pont sur Yonne, qui prend la direction de l’Ecu jusqu’à son décès en 1744. Mathieu Courtin, son domestique, mais néanmoins époux de sa filleule, continue en famille l’exploitation des lieux et l’Hôtel Dieu lui renouvelle son bail en 1760 pour
La percée de la rue de la République va amputer jardins et maisons du cloitre. (coll. SAS)
Devant la vétusté des lieux, le gouverneur estima, en 1778, que l’Hôtel Dieu «doit bâtir en entier l’auberge de l’Ecu sis place Saint-Etienne, auberge intéressante et la seule capable de loger les voyageurs de distinction». (1) Pour finir, l’Ecu sera vendu par adjudication à Denis Masson, marchand aubergiste à Sens qui décédera en 1807. Les travaux durèrent plusieurs années et seront adjugées, en 1781, à Jean Gabiot, entrepreneur à Sens. Le percement, en 1787 de
Seul le balcon a subsisté... (Coll.SAS)
Les bâtiments de l’hôtel, la terrasse et la cour seront détruits en 1965 pour laisser place à la résidence de l’Ecu. Seul le bar subsistera sous la direction de Robert Fuziol, puis de Mr et Mme Durand, avant de nouvelles transformations et de nouveaux commerçants. Adieu fauteuils en cuir et jeux de Jacquet… Il n’en reste qu’un restaurant.
Gérard DAGUIN
Documentation : Bernard Brousse SAS, Virginie Garret Cerep, 5, rue Rigault Sens. 1, Jacques Gyssels, l’Hôtellerie de l’Ecu au XVIIIème siècle. 2, Etienne Dodet, Sens au XIXè siècle (Tome IV). 3, Clément Lorne 1814.4, Augusta Hure.
Les bottes d’Alexandre
Lorsqu’Alexandre Dumas père se présenta à la députation de l’Yonne en 1848, il séjourna à l’Hôtel de l’Ecu. Au moment de monter sur une estrade improvisée pour faire un discours, il s’aperçu que ses bottes étaient dans un état lamentable. Il dit alors à son jeune ami qui l’accompagnait dans ses tournées électorales, Alphonse Billebault du Chaffault : «Vous avez mon cher des bottes superbes et voyez celles que j’ai… prêtez-moi les vôtres et prenez les miennes ». L’échange fut fait séance tenante et Dumas fit son discours, chaussé des bottes de son élève.
Date de dernière mise à jour : 02/07/2021